Le 15 avril 2019, la chaleur du feu qui ravage Notre-Dame de Paris atteint au sol les 800 degrés. Aucun homme ne peut supporter une telle chaleur, encore moins imaginer intervenir…
La brigade des sapeurs-pompiers de Paris a alors recours à l’outil qu’elle utilise une dizaine de fois par semaine pour non seulement établir un diagnostic mais aussi pour projeter de l’eau sur les flammes et ainsi faire descendre la température et éviter que les pierres n’éclatent et l’édifice ne s’effondre sur lui-même.
Cet outil alors méconnu du grand public se nomme Colossus. Il a les aspects d’un petit chariot autonome qui se meut grâce à des chenilles. Il est équipé de différents compléments qui lui permettent d’étudier la situation ou d’intervenir, notamment grâce à une lance-incendie qui intervient là ou l’humain ne le pourrait pas.
C’est la société française Shark Robotics qui a développé cet appareil à partir de 2016 en réponse à une demande des pompiers de Paris. En huit mois de développement, ensemble, les deux entités ont donné naissance à cet outil qui « transporte du matériel, évacue des blessés, fait de l’assistanat respiratoire (notamment pour les pompiers qui peuvent être pris au piège) ou fait des missions de reconnaissance et de surveillance » selon Cyril Kabbara fondateur de Shark Robotics.
Les matériaux qui le composent qui totalisent 500 kg peuvent résister à des températures de 900 degrés ; les chenilles, elles, résistent même à 1 000 degrés ce qui permet son retour vers des zones supportables par un humain. L’équipement répond donc à des besoins variés :
- Un capteur nucléaire radiologique biologique et chimique (NRBC) qui informe le sapeur-pompier sur l’environnement — présence de gaz, de radioactivité ou de matériaux dangereux pour la santé.
- Un canon à eau.
- Une tourelle vidéo avec nettoyage automatique de l’optique (qui a tendance à s’encrasser avec les cendres, la poussière).
- Un dérouleur automatique pour la fibre optique : dans des tunnels ou certains bâtiments, les transmissions peuvent être difficiles, il est donc possible de dérouler un câble fibre derrière le robot, qui se dépose et se rembobine automatiquement, et permet d’avoir des liaisons quoi qu’il arrive.
- Système d’air respiratoire : des bouteilles sont embarquées, avec un respirateur, ce qui permet de donner de l’air jusqu’à 8 sapeurs-pompiers ou victimes.
La réelle nouveauté est électronique : un système d’exploitation Ubuntu permet de compter sur des briques d’intelligence artificielle IA qui assiste l’interface entre l’homme et la machine et fluidifie le pilotage : seul, le robot détecte ses propres actions. Il identifie un point chaud et dirige son canon à eau en cette direction.
A terme, ce type de robot pourrait être 100% autonome. Cela permettrait d’atteindre des victimes prisonnières des flammes ou d’un éboulement. Les applications sont nombreuses et pourraient grâce à L’IA se révéler plus fiables quant à la détermination des actions à mener… sous le contrôle évident de l’humain à qui restera tout de même la lourde tache de décider via son écran et ses capteurs de décider d’intervenir ou pas…
Visuels © Bastien Guerche – Sécurité Civile